L'existence d'Evangeline débuta à Cardiff dans le petit hôpital sorcier de la capitale Galloise. Elle y vit le jour par une belle journée de Mai, d'une mère nouvellement tenancière de bar et d'un père grand parfumeur. Son grand frère, présent au sortir de l'accouchement trouva le bébé qu'elle était assez peu intéressant, geignard et plutôt bleu. Lorsque la famille Lloyd, galloise d'origine et sorcière depuis trois générations - par pur hasard en vérité - rentra de la maternité, elle installa l'enfant nouveau-né dans une petite chambre au toit bizarrement bosselé, dont les fenêtres placées là par quelque architecte fou donnaient sur le jardin boisé et sur les étoiles. Cette chambre, Evangeline la transforma à sa guise pendant son enfance et elle fut le reflet de sa personnalité pendant toutes ces années.

Tout d'ailleurs sobre, rehaussée de quelques bibelots offertes par les nombreux membres collatéraux de la famille, un mobile fut monté au dessus du berceau de l'enfant. Les quatre peluches, accrochées au bord des branches de l'objet, tournaient à un rythme lent qui décroissait jusqu'à s'arrêter quand le sortilège lancé par l'un des parents d'Evangeline s'épuisait. Un an plus tard, alors que Wendy s'apprêtait à réveiller sa fille de la sieste, elle assista stupéfaite à la rotation trop rapide des peluches miniatures. En dessous, la petite fille de deux ans semblait s'amuser follement en tendant ses petits bras vers elles.

Deux ans plus tard, Evangeline vit sa chambre se couvrir de posters de chanteurs pour enfants sorciers, alors même que son berceau devenait un petit lit sans barrière - dont elle tomba maintes fois dans son sommeil sans jamais l'avouer. Ce fut à cette époque, que, parallèlement, son frère trois ans son ainé, découvrir les comics américains et par la même occasion ce qu'était un super-héros. Ce fut aussi à cette époque qu'Evangeline se mit à passer beaucoup de temps avec son père, dans le laboratoire de son entreprise et dans sa pièce personnelle. Cette pièce était sans doute le temple que tout bon geek convoitesa vie durant. Cette Mecque du Jeu Vidéo était installée au sous-sol de la maison familiale. Elle s'organisait autour d'un gros canapé et d'une télévision branchée dans une prise électrique. Sous cette télévision, se trouvait un petit boitier gris, lequel était relié à une manette aux boutons rouges. Les murs étaient remplies de boites en cartons aux couleurs criardes qui n'avaient jamais quittée leurs blasters d'origines. Depuis quelques années, Edgard collectionnait les jeux vidéo. Tous, toutes plateformes confondues et les déposaient ici, soigneusement et avec amour. Il passait des heures à les regarder mais semblait craindre de s'en servir. Il avait essayé, une fois. Mais pour une raison qu'Evangeline ignorait, il n'avait jamais recommencé et continuait à acheter des dizaines de boites dont il ne comprenait pas l'intérêt. Alors âgée de 4 ans, la petite fille ne trouvait cela ni idiot ni bizarre et considéra dès lors les jeux vidéo comme quelques choses d'artistique qu'on entreposait comme des tableaux. Son père il inculqua donc, en plus d'une vision bien étrange des jeux-vidéo, l'amour de la collection et aussi le plaisir de prendre soin de soit. Il l'invita, d'ailleurs à assister à la campagne publicitaire de son dernier parfum. Voir le mannequin se faire maquiller par des centaines de pinceaux magiques, habillées par des employées payées uniquement pour cela fit grand effet sur elle. Ainsi naquit sa deuxième passion: les produits de beauté.

A 6ans, lorsqu'elle commença à lire correctement, ce fut de son frère dont elle se rapprocha. Il lui fit d'abord commencer par les aventures de certaines super-héroïnes et bientôt, ils se mirent à jouer aux Avengers et à la Ligue de Justice dans le salon familial. A ce propos d'ailleurs, les enfants Lloyd découvrir ou plutôt confirmèrent leurs pouvoirs ensemble. Alors qu'il s'apprêtait à coincer le Jocker - le Hibou domestique qui n'avait rien demandé à personne et qui était pourtant poursuivit par deux gamins, des couvertures nouées autour de leurs cous - ils tombèrent sur l'étagère dans laquelle étaient rangés les vieux vinyles de leur mère. Quand ils virent sous leurs yeux s'envoler les disques noirs pour se fracasser sur le sol, Allan et Evangeline assistèrent à un spectacle qui les émerveilla. Les objets volants s'arrêtèrent, comme suspendus dans les airs. Et lorsque leur mère déboula, attirée par les cris des enfants suivit d'un silence plus effrayant encore, elle eut la surprise de découvrir toute sa chère collection un peu partout, flottant dans le salon. Après avoir copieusement hurlé sur ses enfants-pas-sages, elle pria sa progéniture de retirer leur emprise magique de ses chers disques. D'abord, Allan laissa tomber doucement une partie des vinyles, puis se fut au tour d'Evangeline de laisse choir le tout. Wendy laissa son front frapper la chambranle de la porte. Elle n'était pas sortie de l'auberge.

L'année suivante, son frère reçut la lettre de Poudlard et partit, laissant sa chambre vide, immensément vide de chaleur humaine et de complicité. Mais pas de comics. En fait, c'est à cette période qu'Evangeline devint vraiment accroc aux comics. Ayant désormais un accès illimité aux collections de son frère et beaucoup de temps à tuer, elle passait des journées entières après les cours à dévorer les piles et de piles de magasines. Autant dire qu'elle fit d'immenses progrès en lecture et orthographe à l'école. Ainsi qu'en blocage de porte par magie dès que quelqu'un essayait de la tirer de ses histoires fantastiques. Une telle passion à un âge aussi jeune aurait pu effrayer des parents normaux. Mais pas ceux d'Evangeline. D'une part parce qu'ils étaient eux mêmes un peu "spéciaux" et surtout parce qu'ils avaient déjà essayé d'y remédier avec son frère avant elle. Sans succès et avaient donc jugé inutile de perdre de nouveau du temps. Ce fut dès lors le début de l'empilement des comics dans sa chambre. Ils débordèrent vite des étagères et au fur et à mesure que se vidait la chambre d'Allan, celle d'Evangeline se remplissait. Mais ce ne fut pas la seule nouveauté cette année dans son petit espace vital. Le jour de Noël, Evangeline - qui définitivement était une sorcière - reçut par son oncle une ravissante plante en pot. Elle ressemblait à une pivoine, rouge et rose, aux pétales innombrables et magnifiques. Mais lorsqu'une des fées qui servaient à décorer la maison de sa grand-mère chez qui ils passaient les fêtes de fin d'année, s'approcha du coeur de la fleur, celle-ci détendit sa tige à la manière d'un cobra. En moins de temps qu'il en fallut pour le dire, il ne restait plus rien du petit être bleu. Evangeline fut subjuguée par le spectacle. Il était certes cruel, la petite fée n'avait sans doute rien fait pour mériter ça, mais c'était fou. Fabuleux de voir un prédateur se jeter sur sa proie. Et à chaque Noëls et anniversaires depuis lors, elle reçut en cadeau une nouvelle plante carnivore.

A ce propos, il est étrange de noter une nuance dans le caractère éminemment positif d'Evangeline. Créative, espiègle et sympathique, l'arrivée de ces végétaux carnivores dans son univers et surtout dans sa chambre, marqua l'apparition d'une certaine cruauté de la part de la fillette. Cantonnée certes à quelques êtres vivants de seconde zone, il s'agissait tout de même d'êtres vivants. Si personne dans son entourage ne semble s'alarmer d'un tel intérêt sordide, nous ne savons pas où cela va nous mener...

Bref, nous en arrivons maintenant à Poudlard. Lors qu'Ivy - car désormais, était apparut son nouveau surnom - reçut sa lettre d'admission, la quasi-totalité des fournitures scolaires étaient déjà posées dans la chambre d'Evangeline, au milieu des comics, posters et dizaine de plantes carnivores, entre une coiffeuse chargée de vernis à ongles et de brosses à cheveux, et du perchoir de son vieux hibou Le Jocker. D'une part, les livres et les ingrédients provenaient des anciens achats de son frère et le reste avait été acheté par anticipation. Aucun doute sur le fait qu'Ivy soit une sorcière. La baguette et l'arrivée du Petit Chat signèrent les débuts dans le monde de la sorcellerie de la jeune fille car c'est en personne qu'elle fut choisie et choisit respectivement les deux. Ses premières années se passèrent merveilleusement bien. Les cours qui lui avaient d'abord paru merveilleux - car nouveaux - commencèrent pour la plus part à l'ennuyer. Quant aux élèves qu'elle côtoya, certains devinrent de bons amis, d'autres de vagues connaissances. Elle postula pour entrer dans son équipe de Quidditch malgré son manque d'intérêt pour le sport mais désireuse de faire autre chose que dessiner et lire des comics - cette inscription découlait entre-autre de son frère qui s'inquiétait parfois du côté ermite de la gamine.

Lors de sa troisième année, Voldemort prit le contrôle de l'école sous la forme de Severus Rogue. L'année pour Evangeline fut difficile. Ni elle, ni son frère n'eurent le droit ni de posséder ni de recevoir des objets moldus. Certaines proches de la jeune fille furent renvoyées, quant à Allan il perdit du jour au lendemain sa petite amie, expédiée chez ses parents, deux sangs de bourbe. La réaction des parents Lloyd se fit attendre. Son père avait de gros contrats en jeu et risquait de perdre sa fortune en cas de disgrâce pour rébellion. Sa mère, elle, tremblait pour son mari et n'osa pas même entendre une protestation dans son tripot perdu. Les enfants Lloyd décidèrent donc de faire la seule chose qui était en leur pouvoir sans non plus risquer leur vie: ils firent la grève du travail, refusant de rendre des copies de plus de vingts mots, assistant aux cours en arborant l'apathie la plus totale... Lors de la bataille décisive, aucun des deux larrons ne prit part au combat. Evangeline n'ayant que 13 ans - et tenant un peu à la vie, quand même - et Allan n'ayant clairement envie de mourir bêtement, ils restèrent dans leurs dortoirs. Pour suivre en territoire hostile, mieux valait ne pas jouer les héros. Quand le Survivant se sacrifia pour leur rendre la liberté, les notes d'Evangeline et d'Allan regrimpèrent en flèche.