L’histoire de Charlotte Hayes débute dans le petit village de Sennen, au Royaume-Uni. Situé à l’extrémité sud-ouest du pays, Sennen est un village côtier bordé par la mer celtique. C’est dans ce décor humide et venteux que les vies de Mary Little et Julian Hayes se croisèrent pour un bref instant.

Mary, à l’époque âgée de 26 ans, était une moldue menant une existence tout ce qu’il y a de plus normale. Fille unique d’un garde côtier veuf depuis plusieurs années, elle aimait son village natal. Sennen était pour elle un havre de paix. Lors des jours de pluie, qui étaient très fréquents, elle aimait s’asseoir au bord de la fenêtre de la cuisine pour regarder la mer s’agiter au loin. La vie de Mary était ponctuée de petits plaisirs simples : une tasse de thé à la température idéale, les dernières pages d’un bon livre, l’odeur de la terre humide au matin quand il a plu toute la nuit.

Sa journée préférée était le lundi. Le weekend était chaotique. Lundi annonçait le retour à la normale. Ce lundi-là était particulièrement ensoleillé. Mary s’activait aux fourneaux pour préparer le petit déjeuner aux occupants de l’auberge où elle travaillait depuis ses 16 ans. La cuisine, c’était sa zone de confort. Elle s’y sentait en contrôle. Et ce contrôle lui échappa brutalement, tout comme la spatule qu’elle tenait dans ses mains, lorsqu’elle leva le nez de ses chaudrons et le vit. Là, devant elle. Son cœur arrêta de battre pendant les quelques secondes où leurs regards se croisèrent. Puis Mary tourna vivement la tête et s’affaira à oublier cette paire d’yeux bleus qui la fixait. C’était trop pour elle. Elle préférait sa vie sans vagues, sans homme pour chambouler son existence. Et pourtant, une force irrésistible la fit lever les yeux lorsque l’inconnu s’adresse à elle. « Bonjour. Je suis Julian, le fils de la propriétaire. Est-ce qu’elle est ici? » Une chose en menant à une autre, Mary épousa Julian Hayes à l’âge de 27 ans.

Un an plus tard naissait Charlotte. Comme toute naissance, celle de Charlotte emmena dans son sillon une horde de membres de la famille qui voulait voir la nouvelle née. C’est donc sans surprise qu’une tante éloignée ou un ami de la famille arrivait de manière impromptue pour féliciter les nouveaux parents. Mais jamais Mary ne s’était attendue à voir surgir quelqu’un par sa cheminée. Et encore moins voir une autre personne littéralement apparaître dans son jardin.

Les jours qui suivirent ces étranges apparitions ne firent qu’élargir le fossé qui s’était créé entre Julian et Mary. Il lui avait caché la vérité. Pour la protéger, mais aussi parce qu’il ne pouvait pas révéler sa véritable identité, il ne lui avait jamais avoué qu’il était un sorcier.

Pour Mary, c’était trop. La vie rangée dont elle avait toujours rêvé volait en éclat. Après avoir tenté de s’enlever la vie, elle s’était retrouvée à l’hôpital. Refusant tout visiteur, elle se trouvait seule avec elle-même. Dans cette solitude, elle recouvra un peu de paix. Et ce petit sentiment que les choses pouvaient retrouver leur ordre poussa Mary à partir. Elle plia bagages, laissant derrière elle cette vie dont elle ne voulait pas. Charlotte avait deux mois.

Julian éleva seul sa fille. Par chance, il pouvait compter sur l’aide de sa famille pour accomplir cette tâche. Charlotte grandit donc entourée de ses grands-parents, oncles, tantes, cousins et cousines. Bien vite, il devint évident que Charlotte avait hérité du côté magique des Hayes. Malgré tout, Julian insista pour que Charlotte soit élevée selon un mode de vie moldu. C’était pour lui un genre d’hommage à Mary. Mais à l'époque, Julian tenait également à éloigner sa fille du monde magique. Dans un contexte où Voldemort reprenait des forces et menaçait de nouveau la communauté magique, Julian préférait ne pas mêler Charlotte aux événements qui en découlaient. La jeune fille eut tout de même vent de nouvelles du monde magique en parlant à ses cousins et cousines fréquentant Poudlard. Autour d'elle, tout le monde détestait Voldemort et adorait Harry Potter. Charlotte de son côté, était bien d'accord sur le fait que Voldemort était un être ignoble, mais Harry Potter ne l'intéressait pas vraiment. Elle préférait de loin entendre parler de Neville Londubat. Encore aujourd'hui, Charlotte entretient toujours une certaine fascination pour Neville et ses talents en botanique. Bref, la guerre n'eut que très peu de conséquences sur la vie de la jeune fille. Par ailleurs, le monde magique avait pour elle une aura de mystère quelque peu angoissante et était à des lieux de ses préoccupations.

Cependant, la nature magique de Charlotte la rattrapa à l’été de ses 11 ans, lorsqu’elle reçut sa lettre d’admission à Poudlard. Non pas que cette lettre fut une grande surprise, mais la jeune fille l’attendait avec appréhension. Comme son père avait tenu à l’élever comme une moldue, Charlotte n’a eu que très peu de contact avec la magie. Elle entretient donc toujours un sentiment de méfiance et d’anxiété face à cet aspect de sa vie. Mais Poudlard est désormais sa maison et elle doit s’y faire. Après tout, un peu de changement n’a jamais fait de mal à personne, non?