Apollonia est née fin août, dans une petite maison de l’île de Muck, qui servait également de laboratoire pour ses parents scientifiques. Leur sujet d’étude au moment de sa naissance était les croisements de félidés, notamment pour obtenir des chats domestiques aussi beaux que des lynx ou des jaguars. Mais rapidement, leur fille est devenue un nouveau sujet d’expérience pour ces parents, qui, vivant loin de toute civilisation, s’émerveillaient et s’inquiétant de la moindre chose : « Chériiiiiiii ! Sa première dent a pouuuuuussé ! » ou « Mais pourquoi elle n’arrête pas de pleurer ? Pourtant tout va bi- ARGH NON ! Elle vient de me vomir dessus. » Mais aussi, moins conventionnel pour ce couple de scientifiques terre à terre « Moïra ! Viens vite voir ! La pesanteur a disparu dans la chambre d’Apo, elle est collée au plafond, entourée de toutes ses peluches ! ». Après la multiplication de ces expériences étranges et complètement irrationnelles, ils commencèrent à se poser des questions : tous ces événements se passaient autour de leur fille. Ils entreprirent donc de l’étudier sous toutes ses coutures, à coup d’IRM, de scanner, détecteur de mensonges et autres tests mentaux et physiques. La petite, qui voyait bien qu’elle faisait des choses que ses parents ne pouvaient pas faire, ne disait rien face à toutes ces expériences sur elle-même, désireuse de trouver ce qui clochait chez elle. Elle aidait même ses parents à analyser les données, ayant hérité de leur curiosité et de leur besoin de tout comprendre.
Elle grandit donc entourée de machines, d’éprouvettes, de microscopes et de chats. Oui, parce que ses parents devaient bien, en parallèle de leur étude sur leur fille, gagner leur vie. Ils continuaient donc les croisements de chats, si bien qu’ils en avaient en permanence entre quarante et soixante-sept chats, qui gambadaient à tout va dans leur maison. Ils avaient également d’autres félins, mais qu’ils laissaient plus ou moins en liberté sur l’île, avec l’accord des autres habitants et après les avoir pucé pour pouvoir les retrouver. D’ailleurs, dès qu’elle eut atteint l’âge de sept ans, Apollonia partait en vadrouille sur l’île pour observer les animaux et noter leur comportement dans ses fameux carnets. Les animaux étaient ses amis, étant donné qu’elle n’avait aucun enfant pour s’amuser avec elle. Par conséquent, elle s’ennuyait ferme sur cette île, car à part ces balades, la natation (quoi qu’elle ne pouvait en faire qu’entre le 15 juillet et le 10 août à cause de la fraîcheur constante de l’Ecosse), les expérimentations avec ses parents et les cours qu’ils lui donnaient, elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire.
La lettre de Poudlard et la visite du professeur Dumbledore furent un vrai choc pour toute la famille. Tout d’abord, pour ses parents, qui ne voulaient pas accepter que la magie existe, malgré toutes les preuves irrationnelles apportées par leur fille et le sorcier qui se trouvait en face d’elle. Cependant, après leur visite sur le Chemin de Traverse, ils durent se rendre à l’évidence que la magie existait. Ils chargèrent donc leur fille d’enquêter aussi bien qu’elle le pouvait sur le monde sorcier. Mais cette révélation fut plus que bénéfique pour Apollonia : elle n’était pas une extra-terrestre ! Il y avait d’autres gens comme elle, et, en plus, elle allait pouvoir les rencontrer et étudier avec eux ! Sa joie fut si intense, qu’une fois le professeur Dumbledore parti, elle fit malencontreusement léviter tous les chats qui se trouvaient dans le jardin.
Malheureusement, sa première année à Poudlard fut assez chaotique. Très peu habituée aux relations humaines, nombreux furent les autres élèves à se moquer d’elle. Que ce soit sur ses lunettes, ses longs cheveux roux, son ascendance moldue ou son excentricité, ils trouvaient toujours de quoi blesser la fillette. Qui plus est, elle était la plus jeune de son année, et, par conséquent, la plus petite. Apollonia, alors âgée d’à peine onze ans, s’éloigna de tous les élèves, bien plus à l’aise avec les adultes. Au lieu de passer son temps libre à s’amuser avec ses camarades, elle restait à la bibliothèque, tentant d’emmagasiner le plus de choses possibles sur le monde qui était le sien à présent. Elle devint donc une bonne élève, assidue dans les cours et qui tentait par tous les moyens de prouver aux autres qu’elle valait autant qu’eux.
Mais à la rentrée 1997, alors que la jeune fille venait d’avoir quatorze ans, quelque chose changea : elle ne pourrait pas retourner à Poudlard cette année. En effet, Lord Voldemort était arrivé au pouvoir et il traquait tous les nés-moldus. Elle resta donc sur son île toute une année durant, loin de son monde. Elle conserva cependant un léger contact avec le monde magique grâce à sa radio, essayant d'écouter chaque émission de Potterveille, espérant entendre de bonnes nouvelles. Cependant, chaque nouvelle arrestation, chaque nouveau mort, chaque nouvelle disparition la mettait mal à l'aise : elle commençait à avoir peur que l'on s'en prenne à quelqu'un qu'elle connaissait, ou bien qu'on vienne la chercher ici et que, par la même occasion, les Mangemorts tuent ses parents. De plus, lors de cet ermitage, elle prit conscience que et que la magie lui manquait, et surtout le contact d’autres jeunes de son âge. Heureusement, elle put réintégrer l’école après la Chute du Seigneur des Ténèbres et la mort d’Harry Potter. Bien sûr, elle était ravie que Voldemort soit tombé, mais elle déplorait la perte d'autant de sorciers, à commencé par l'Elu, bien qu'elle ne l'ait jamais côtoyé. Même si elle n'était proche, à l'époque, d'aucun de ses camarades, les nombreuses morts d'élèves l'avaient mis plutôt mal à l'aise, car elle savait qu'ils étaient morts en défendant leurs idéaux, alors qu'elle était restée bien sagement à l'abri chez elle. Qui plus est, ils avaient défendu les droits des sorciers nés-moldus comme elle ! Elle se sent donc presque coupable de la mort de tant de sorciers, si bien que lorsqu'elle réintégra l'école, elle prit une importante décision : elle allait changer, se rapprocher des sorciers de son âge et s’assumer. Oui, elle portait de grosses lunettes. Oui, ses cheveux roux attiraient l’attention. Non, elle n’avait pas d’ancêtres sorciers. Et oui, elle était différente, elle analysait tout, posait trop de questions, notait tout ce qui se passait. Elle rencontra de nouveaux camarades, puisqu’elle commençait sa quatrième année là où ceux qu’elle avait connus entraient en cinquième année. Ainsi, à la rentrée 1998, elle commença à participer à la Gazette de Poudlard, et c’est ici qu’elle fit ses premières rencontres amicales et qu’elle commença à s’ouvrir sur les autres jeunes qui l’entouraient. Elle se rendit alors compte que tous n’étaient pas comme ceux qui s’étaient moqués d’elle et qu’elle pouvait passer de bons moments avec eux.