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Je suis désolée pour la longueur... J'espère que ça ne sera pas trop pénible à lire... ><
Contrairement à de nombreuses existences celle-ci ne débute pas comme on pourrait s’y attendre au
dix-huit décembre 1970, date à laquelle l’enfant qui fut baptisée plus tard
Isobel Catharina Selwyn vint au monde durant un froid et pluvieux mois de Décembre. Non, notre histoire commence onze ans plus tard, lors d’un mois de Décembre tout aussi humide et glacial que le précédent. Oxford, qu’importe sa beauté, jouit d’un climat hivernal particulièrement exécrable et cette année là ne fit pas exception, quand bien même fut-il le jour le plus merveilleux, le plus grandiose d’une petite fille de onze ans. Le jour où elle recevrait sa propre baguette magique.
Cette petite fille n’était autre que la cadette de la très respectable et respectée famille de sorciers de sang-pur qu’est la famille Selwyn. Loin de se réjouir pour la naissance de leur seconde fillette, M. et Mme Selwyn, respectivement connus sous les prénoms de Gédéus et Eléonice, accueillirent cet événement, pourtant extraordinaire, avec autant de flegme qu’à leur habitude. Gédéus leva à peine les yeux de son journal et Eléonice chassa tout simplement sa fille et son excitation volubile de son salon. Après tout n’était-ce pas simplement ce qu’on
attendait d’une Selwyn ? Si, bien évidemment. Ce fameux soir de Décembre 1981 Isobel comprit qu’elle ne trouverait jamais en ses parents l’écho auquel tout enfant de son âge pouvait prétendre.
Elle acheva à Poudlard un premier cycle brillant, couronné de succès par la validation de dix matières aux ASPICS et des notes mirobolantes, pas unes ne tombaient en dessous de l’Effort Exceptionnel et elle ne décrocha pas moins de quatre Optimal. Une récompense à la hauteur du travail titanesque fourni pendant les sept longues années d’études passées au Château. M. et Mme Selwyn accueillirent la nouvelle avec le désintérêt et la nonchalance qui les avaient toujours caractérisés au moyen d’une lettre, impersonnelle et poinçonnée du sceau familial. Quelques mots jetés à un Elfe de Maison qui avait eu la sympathie d’y ajouter, de son écriture tremblante et malhabile, ses « Felcitassions Mademoizelle » qui eurent plus d’impact que le discours grandiloquent de son père sur l’importance de faire toujours honneur à son rang.
L’année de ses dix-neuf ans, tandis qu’elle préparait ses études futures à contre courant de l’administration Ministérielle, Gédéus et Eléonice Selwyn crurent de bon ton de rappeler à leur cadette, l’aînée n’existait plus depuis quelques année déjà après son mariage avec un bon à rien, qu’il faudrait aux Selwyn… une descendance. Et ils s’y prirent de la plus grossière des façons. Alors qu’Isobel se pliait, bon gré mal gré, aux mondanités d’une petite soirée en l’honneur d’on ne sait quelle futilité on lui présenta un jeune homme. Un sorcier du nom de Nathanaël Avery d’un rang équivalent au sien. Bien que sa compagnie se révéla, en tout bien tout honneur, plutôt agréable (il s’agissait d’un garçon cultivé), l’annonce de leurs futures fiançailles se solda par dispute mémorable qui rompit définitivement les liens déjà faibles qui subsistaient entre le couple Selwyn et leur fille.
Furieuse contre ses parents elle se rendit chez son ainée, alors mère de deux adorables garnements, Judith et Siobhan respectivement âgés de cinq et quatre ans. Malheureusement les conseils de Moriana ne lui furent d’aucune aide et qui plus est, furent très mal reçus. Quelques semaines plus tard elle quittait le pays, direction l’Europe du Nord.
Elle ne revit jamais Nathanaël.
Ni Moriana.
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Isobel Selwyn ne reverrait les contrées verdoyantes et humides de sa terre natale que huit longues années plus tard. Les plaines gelées de la Norvège l’accueillirent à bras ouverts et jamais, malgré ses nombreux voyages, elle ne trouva contrée plus resplendissante qu’Oslo recouverte de son manteau hivernal. Elle y termina ses études en partenariat avec l’Institut
Durmstrang, tristement célèbre pour son enseignement des Forces du Mal et alors dirigé par le très estimé Igor Karkaroff, ancien Mangemort. Malgré son passif de criminel avéré il semblait avoir définitivement tiré un trait sur la marque des Ténèbres et s’investissait corps et âme pour la prospérité de son Ecole. Cependant personne n’était dupe et surement pas la fille d’un autre Mangemort. La réputation de Gédéus Selwyn précédait sa fille par delà les mers et lui ouvrit les portes de Durmstrang où Karkaroff l’y accueillit en grandes pompes.
Elle étudia pendant cinq ans à la Bibliothèque Magique d’Oslo et de Durmstrang en compagnie de plusieurs autres jeunes gens, tous issus de familles de sang bleu. Elle ne noua avec eux guère plus que de simples relations cordiales qui s’arrêtaient bien souvent à quelques politesses comme on le lui avait si soigneusement appris. De toute façon d’aucun ne jouissait du temps nécessaire à l’élaboration de liens sociaux et ceux qui s’y risquèrent ne parvinrent pas au quart de leur programme. Isobel n’en fit bien évidemment pas partie, loin s’en faut.
Durant ce laps de temps elle approfondit la plupart des connaissances déjà acquises à Poudlard dans les domaines de base ; sortilèges, soins aux créatures magiques et procédés runiques. De nombreux stages d’observation et même pratiques lui permirent de se constituer un bagage solide pour la suite de sa carrière, elle découvrit notamment quelques uns des dragons norvégiens particulièrement véloces qu’abritaient les montagnes. Cependant, malgré la fascination qu’exerçaient sur elle les créatures magiques et le plaisir que lui procurait l’étude des sortilèges Isobel se spécialisa principalement en Magie Noire et en Alchimie, le climat, si proche des pôles, permettait la manipulation et surtout la découverte de nombreuses plantes que les herboristeries Anglaises n’importaient pas à l’époque ou dans des conditions si mauvaises que la matière première en perdait toutes ses vertus.
Néanmoins c’est la pratique des Arts Obscurs qui retint son attention, particulièrement dans l’environnement de Durmstrang où l’on apprend la Magie Noire aux élèves dès les premières années. Après avoir acquis un niveau plus que correct dans cette discipline elle s’attela à l’écriture d’une thèse sur la corrélation entre Magie Noire et Criminalité dans laquelle elle s’appliqua à corriger l’image erronée que divulguait l’Angleterre. Les élèves de Durmstrang ne seraient pas tous de futurs résidents à Azkaban tout comme Poudlard peut, et a d’ailleurs, produit de grands sorciers maléfiques. Le plus grand d’entre tous même. D’où la nécessité absolue, selon elle, d’apprendre la Magie Noire pour pouvoir s’en défendre efficacement quand celle-ci est retournée contre vous. A terme ses travaux provoquèrent un impressionnant grabuge au sein de la communauté Magique, l’idée de réformer la pratique des Défenses Contre les Forces du Mal scandalisant le Ministère.
Sa thèse fut néanmoins validée d’un Effort Exceptionnel pour son «
originalité avant-gardiste et l’impressionnant travail fourni » accompagné d’un très élégant post-scriptum «
D’une grande pertinence. Prière cependant de ne plus jeter de pierres dans la fourmilière. Salutations ; Albus Dumbledore. » Satisfaite elle rangea ses kilomètres de parchemin dans un coin de son bureau et n’embêta plus le ministère avec ses idéaux, Dumbledore avait suffisamment à faire avec la préparation du Tournois des Trois Sorciers.
A la même période elle fit la connaissance d’Alastor Maugrey, alors à la retraite, au détour d’une ruelle à Oslo. Peu importe ce qu’il fichait dans le coin, probablement était-il à la poursuite d’un de ses nombreux démons, il la félicita à grand renfort d’insultes à l’égard du ministère ; trop étriqué, trop stupide et trop aveugle. A la rentrée il serait Professeur à l’école de Magie Poudlard et ne paraissait pas emballé à l’idée de «
préparer à la guerre des adolescents encore en couche-culotte ». A l’époque elle en avait souri, amusée par la touchante paranoïa de l’ancien Auror, bien loin d’imaginer à quel point Fol Œil avait visé juste, une fois encore.
Cette fameuse rencontre lui donna envie de devenir Auror à son tour. Les tests, bien que difficiles, se révélèrent à sa mesure et c’est ainsi qu’Isobel Catharina Selwyn, envers et contre l’avis de son père, entra en formation durant l’automne 1994. Un an plus tard, alors que sa formation suivait son cours, Moriana s’évaporait dans la nature. Personne ne savait ce qu’il était arrivé, on avait simplement retrouvé sa baguette et un peu de sang. Après des semaines de recherches infructueuses on annonça son décès, ce fut la douche froide. A vingt-cinq ans elle nia l’évidence dans le déni le plus total. Choquée, meurtrie, elle ne viendra pas aux funérailles. C’était au dessus de ses forces. La dernière fois qu’elle avait vu sa sœur remontait à cette fameuse histoire de fiançailles, elle n’en détestera que plus ses parents. Injustement pour une fois. Sullivan ne lui pardonnera jamais cette absence le jour de l’enterrement. Une absence qu’elle essaye encore aujourd’hui de compenser.
Plus déterminée que jamais Isobel se jeta alors tête baissée dans ses études, deux ans plus tard ses efforts furent récompensés par l’obtention de son diplôme. Étrangement ce minuscule parchemin rutilant et la broche d’or et de platine qu’on accrocha à sa cape ne lui procurèrent aucune joie. Seulement cette désinvolture courtoise.
Du reste ce diplôme ne lui servira jamais, nous sommes rendu en 1997 et à l’aube de la Guerre les Mangemorts sont partout, y compris dans Poudlard même. Le Ministère ne veut pas de leur progéniture au sein de son dernier rempart. A la même période Isobel est accusée d’abord du meurtre de sa sœur et ensuite de vouloir infiltrer le ministère pour le compte de Vous-savez-qui. Elle est jugée à la Cour de Justice Magique puis acquittée devant le manque de preuve et l’innocence manifeste. Cependant le mal est fait, humiliation cuisante et son habilitation à la Brigade de Police Magique ne changea en rien son amertume. Elle occupa ce poste jusqu’à la disparition de Voldemort et Harry Potter. Sur les ruines du champ de bataille qu’était devenu Poudlard elle se fit le serment que plus jamais une telle chose se produirait.
A sa sortie de Sainte-Mangouste Isobel retourna quelques temps en Norvège où elle fit son deuil. Bien que tentée d’oublier les horreurs de la guerre dans son chalet nordique elle ressentait le besoin impérieux de rentrer en Angleterre, ne serait-ce que pour son neveu et sa nièce. Elle ne garda de cette époque que son accent aux sonorités slaves dont elle ne parvenait pas à se défaire.
Son père mort et sa mère enfuie elle vendit la propriété Selwyn ainsi que tous les biens inutiles qu’elle contenait. Avec l’argent ainsi obtenu elle acheta une maison de campagne en bord de mer près Newport et plaça le reste en banque. Seule et ainsi débarrassée de ses vieux démons elle retrouva suffisamment de force pour affronter ce que la vie avait encore à lui réserver.
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24 Février 2000 En un an et des poussières les choses sont peu à peu rentrées dans l’ordre, avec la reconstruction de Poudlard l’école s’est vu pourvoir de nouveaux enseignants, un sang neuf qui ne peut que faire du bien à cette vieille école. J’ai encore du mal à réaliser, parfois, que tout ceci a vraiment eu lieu. La guerre. Les morts. Dumbledore et Harry Potter ne reviendront pas, jamais. Et cette pensée remplit toujours ma bouche d’un goût acide, douceâtre, que même le meilleur et le plus parfumé des thés ne parviendra jamais à chasser. C’est comme si, du jour au lendemain, l’un d’eux pouvaient se promener dans la rue et me saluer devant Fleurus et Bott. Harry sourirait gaiement, ses petites lunettes rondes sur le nez accompagné d’Albus qui trouverait bien une bêtise à faire. Comme accepter les dragées de Fred Weasley, lui aussi victime des Mangemorts.
Rares sont ceux à n’avoir rien perdu dans cette Guerre. Je peux m’estimer heureuse d’être encore en vie. Moi et ceux qui me sont chers. Mais pour une raison que j’ignore les choses changent. Comme si deux ans de sursis suffisaient à panser les plaies béantes que nous a infligé le passé.
Alors que tout un chacun n’aspire qu’à un peu de cette routine coutumière le monde Magique semble de nouveau en proie aux bouleversements. Pour commencer la disparition des Elfes de maison et maintenant la mort d’un adolescent, tout juste dix-sept ans, peut-être même moins, l’âge de Judith. Les temps changent et la roue tourne sans que nous n’y sachions rien changer. Le mieux que nous puissions faire est d’anticiper pour ne laisser personne nous prendre au dépourvu.Quelques jours après la parution de James Omeara pour le
Cabot Enragé Isobel reçut la visite d’un très beau hibou au pelage brillant qui lui remit une grande enveloppe d’un papier glacé de très bonne qualité. Le sceau rouge et cireux du Ministère de la Magie y était soigneusement apposé en plein centre. Le poste de Professeur de Potions était vacant à Poudlard depuis quelques temps et Minerva Mc.Gonagall, la nouvelle directrice, cherchait urgemment un remplaçant pour assurer les cours et permettre aux élèves de passer leurs BUSEs et leurs ASPICs dans cette matière délicate. Dans l’espoir de trouver au plus vite un professeur habilité le Ministère avait fait remettre cette missive à ses anciens agents susceptibles de remplir les conditions requises.
C’est ainsi que près de douze ans plus tard Isobel foulait de nouveau les grands couloirs de Poudlard, ses talons martelant impitoyablement les grandes dalles de marbres sombres, usées par les années. Elle embrassa du regard les tableaux et les escaliers farceurs. Cette fois elle n’était plus élève mais bel et bien Professeur. Au début du mois de Mars elle ferait la connaissance de ses collègues et dispenserait ses premiers cours. Une nouvelle carrière débutait et elle comptait bien exceller dans celle-ci comme dans la précédente…