Le 19 Avril, en 1984, il pleuvait des cordes. Dans un hôpital de Louisiane, en Nouvelle-Orléans, une jeune femme du nom de Shiny donnait naissance à son deuxième enfant : une petite fille, avait dit le médecin. Il ne se trompait pas. Après de longues heures de travail, une petite tête brune pointait le bout de son nez. Comment allait-on l'appeler ? Megan, en l'honneur de la défunte mère de la jeune maman. Elle était belle comme le jour, la petite Meg, et était déjà entourée de l'amour inconditionnel de ses parents, et de son tout jeune frère, d'un an son aîné, Luca. La petite famille semblait unie. Ce n'était qu'une façade. Un matin d'Octobre, en se levant, David trouve la maison vide. Sa fille et son fils sont là, oui, mais une lettre occupe la place de sa femme dans le lit. "Je n'en peux plus, je pars", sont ses seuls mots d'adieux. Il est seul, sans l'ombre d'un doute, seul avec deux enfants et un travail monumental sur les bras. Il passe la journée à ruminer. Il passe la journée à pleurer. Il passe la journée à réfléchir. La solution, il la trouvera le soir même. Laisser Luca chez sa grand-mère paternelle et partir avec Megan pour Londres, voilà sa seule issue. S'éloigner de ce malheur ambulant, se rapprocher de son travail, permettre à la petite d'avoir un avenir plus prometteur.
Quand Megan rentre à l'école, à ses cinq ans, ce n'est pas son père mais son beau-père qui l'accompagne. Jonas, impeccable dans son costard de banquier, serre sa petite main dans la sienne, large et chaude. C'est un moldu, lui. Il est le nouveau copain du papa de Meg, depuis trois ans déjà. Elle l'aime bien, elle. Mais les autres le regarde de travers, les autres le pointe du doigt. Comprenez bien, un homme avec un  homme, ça dérange. Elle ne comprends pas, elle à toujours connu ça. Alors elle est laissée de côté et se renferme sur elle-même. De sa jovialité naturelle, de son goût du contact humain et de sa sensibilité enfantine ne reste qu'un morne visage et un langage vulgaire. Et ce n'est pas pour s'arranger lorsqu'elle découvre ses pouvoirs. Quand son dessin s'enflamme, devant sa nounou, elle se sent plus différente que jamais. Son père, lui-mêle sorcier, lui explique que tout va bien, qu'il n'y a aucun mal à être singulière. Mais ça ne change rien. Son seul réconfort, elle le trouve chez Renata O'Malley, la voisine du dessous. Elle aussi vit dans un joli duplex. Elle lui raconte des histoires sur la magie. Elle a dit un jour être une Cracmol. Meg ne comprenait pas encore, mais elle l'aimait beaucoup, Mrs O'Malley, et ça lui suffisait. Pour la première fois, elle avait une amie.
Puis on l'envoya à Poudlard. Jouant de ses attributs, mentant, s'inventant même un tout nouveau caractère, un autre tempérament, Meg apprends progressivement à devenir une créature sociable. Bien que répugnée à l'idée d'avoir des amis, elle se fond dans la masse. En première année, comme tous ses camarades, Meg se demandait si elle avait été envoyée dans la bonne maison. Cependant, la réponse lui fût vite confirmée, quand dans ses deuxième, troisième et quatrièmes années, elle tentait à tout prit de gardes ses ambitions, de rester meilleure que les autres, de préparer différents plans fourbes... Puis, cinquième année, celle des buses. Bonne élève sans vraiment avoir à travailler, Megan adopte l'attitude du mort : elle est là, physiquement seulement. C'est également ainsi quand la Grande Guerre arriva. Elle refusait de l'avouer, bien sûr, mais elle était terrifiée. Quand nombre d'élèves de son année tentaient de rester, elle se précipita vers l'évacuation d'urgence et s'en alla sans faire d'histoires ! Après tout, elle ne le connaissait pas plus que ça, ce "sauveur". Bien sûr, elle l'avait aperçue dans les couloirs, cette bande d'adolescents en manque d'aventures, mais les périples meurtriers, très pu pour elle ! Elle fût cependant soulagée que le calme et la paix reviennent, aussi court ce répit soit-il.  Son année suivante fût prolifique, ses résultats étaient meilleurs, elle, cependant, devenait plus froid et irascible que jamais. Elle ne se confiait que très peu, discutant et souriant de temps à autre, mais passant la majorité de son temps dans la salle commune à préparer quelques coups bas. Ne dit-on pas que les gens turbulents, les gens que l'on remarque sont ceux qui gardent le mieux leurs secrets ?