Correspondances fantômes

"Ecrire, c'est dire quelque chose à quelqu'un qui n'est pas là. Qui ne sera jamais là."
de Georges Perros

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Tu te rappelles ces jours où nous étions heureux, ces moments empreints de bonheur, quand la guerre nous semblait si lointaine et que rien n'importait plus que le son de tes pas sur le parquet? Je me rappelle comme si c'était hier de la moindre minute que j'ai passée avec toi. Tes longs cheveux bruns souvent retenus par un fin élastique ou une lanière de cuir. Ces immenses chapeaux que tu achetais l'été, sur lesquels tu plantais des fleurs encore plus grandes, comme pour éblouir le soleil lui-même. Ces robes longues que tu portais quand le soleil inondait la maison et dont le simple bruissement contre les meubles en bois est encore présent dans ma mémoire.Il m'arrive de l'entendre encore, et alors, je me retourne, avec la certitude que tu seras là, derrière moi, me proposant une bieraubeurre sous le porche. Et puis, l'impression s'effondre avec mon sourire et la douleur revient, celle de t'avoir perdue à nouveau avec cette illusion. Pour la millième fois de la journée. Et alors, il ne me reste rien. Rien d'autre que le vide et le silence.
Tu sais, il m'arrive souvent de rêver de cet enfant que nous voulions si fort. Et mes songes sont toujours si pleins de bonheur qu'en me réveillant, je suis heureux pendant une seconde. Et je crois que je ne vis plus que pour cette seconde. Ce très court moment où tu es encore là, ou tu seras encore là. Toujours.
Je me demande parfois comment je survis à ton absence. Parce qu'il est des jours si durs que je n'arrive pas même à marcher droit tant les souvenirs m'assaillent de toute part, cherchant à me mettre à terre.
Cela fait deux ans ma Caitlyn. Tu m'as offert la tendresse et l'espoir d'une si belle vie.
Tu m'as offert ce que l'on peut espérer de mieux et aujourd'hui, je suis à bout de souffle.
Merlin, je donnerais tout pour revoir ton sourire, t'entendre t'approcher pour sauter sur mon dos ou me réveiller les dimanches matins lorsque tu désirais sortir pour profiter du soleil.
Mais surtout... Je donnerais ma vie pour partir à ta place. Parce que le monde est écoeurant depuis qu'il t'a perdue.
Et le mien est en ruines.
Pour toujours tien,

Aedan.

... Ce texte est terrible et sublime à la fois. Tu as un don pour susciter des émotions pareilles... Correspondances fantômes 1734908364