Né un soir de pleine lune, je vis le jour dans l’hôpital pour sorciers de Sainte Mangouste, entouré de mon père et de ma mère. Du temps où ils étaient encore ensemble, car les choses ont bien changées… Mais commençons par le commencement.
Comme dans toute famille de Sang Pur, on m’a très tôt inculqué les valeurs de cette aristocratie à laquelle j’obéissais sans sourciller. Docile, j’écoutais silencieusement ces enseignements que je retenais et apprenais à une vitesse bien supérieure que celle d’un enfant dirons-nous lambda. Non, pour ma part je suis ce que l’on appelle un surdoué. Cela ne m’a pas toujours rendu service, compte tenu des problèmes que cela engendre. Manque d’attention, de concentration, dispersion,… bref j’étais un excellent élève, mais je m’ennuyais à une vitesse folle. Cependant, cette précocité à toujours rendu mon père fier de moi, et intéressé par mes capacités. Au moins, il pouvait me parler comme un adulte malgré mon jeune âge, et me faire des confidences que je garde précieusement au fond de moi-même. Cela nous conduit à parler justement de l’un de ses plus grands secrets qu’il n’a jamais avoué à personne d’autre qu’à moi. Même maman, me semble-t-il, ne serait pas au courant de son don : celui de voyance. Cependant il ne m’en a pas fait directement la confidence, j’avoue l’avoir découvert au fil de nombreuses observations. Combien de fois ses paroles sonnaient étrangement lorsqu’il me prévenait que si je faisais telle ou telle bêtise, une chose particulière en serait engendrée ? Je ne le compte même plus. Comme ce jour-là où j’ai découvert à ma plus grande joie mes pouvoirs de sorciers. Assis devant l’âtre de la cheminée, j’observais la danse hypnotisante des flammes qui se mouvaient avec finesse. Encore une fois, papa et maman se disputaient pour je ne sais quelle raison. A cause de son travail trop prenant, très certainement. Je ne disais rien, muet comme une tombe, mais ma main posée sur mon genoux tandis que je me tenais en tailleur se mit à trembler de ne plus pouvoir supporter ces crises à répétitions. La mâchoire serrée, je les entendais hurler l’un après l’autre, avant que tout à coup je ne vois la danse des flammes s’accélérer devant moi. Aussitôt, je sentis mon père me saisir dans ses bras alors que je n’avais que cinq ans, et me conduire au loin de cette cheminée qui, soudain, crachait des flammes dévastatrices. J’aurais pu en mourir, c’est vrai, si mon père n’avait pas eu cette prémonition soudaine.
C’est ainsi que je compris le secret de mon père, et que j’étais bel et bien moi aussi un sorcier, à leur plus grande fierté.
Puis les jours passèrent, les années défilèrent, et vint le moment où un hibou grand-duc se posa sur le rebord de ma fenêtre, une lettre accrochée à sa patte. Devant le sourire de ma mère et l’encouragement de mon père, je saisis la lettre et commença sa lecture, découvrant que je venais d’être admis au collège de Poudlard. Bienheureux de cette nouvelle, je ne pus cependant pas partager plus longtemps ma joie avec eux que leurs disputes reprirent. Je me souviens alors qu’une après-midi d’été où j’imaginais soigneusement ma rentrée du haut de mes onze ans, mes parents s’étaient engagés dans une énième et violente dispute que je n’écoutais même plus, assis en haut des marches des escaliers tandis que je jouais avec ma baguette fraîchement achetée. C’est alors que le mot « divorce » apparu dans la conversation. Relevant aussitôt la tête, je descendis les escaliers pour me rendre dans le salon où le silence s’imposa d’une main de maître.
Oui, mes parents allaient enfin divorcer… Depuis ce jour-là, ma vie ne fut plus la même. Accordée par la justice du Magenmagot, ma mère obtint ma garde au même titre que mon père, mais de manière bien plus rare. A vrai dire, je n’ai pas réellement souffert de ce divorce. Il n’était ni une surprise, ni une mauvaise chose en soit. Au moins je n’allais plus entendre ces cris et ces injures incessantes.
Et puis enfin vint ma première année à Poudlard. Je rencontrais de loin pour la première fois le célèbre Harry Potter qui nous quitta trois ans plus tard après la guerre. Jusqu’à lors, ma scolarité s’était déroulée tranquillement et normalement, alors que j’obtenais des notes plus qu’excellentes malgré mon comportement bagarreur qui, lui, me valut nombre de retenues. Et lorsque la guerre éclata, je fus mis à l’écart comme bon nombre de sorciers, une question me brûlant sans cesse les lèvres : mon père était-il de la partie ? Combattait-il sous l’un de ces masques de Mangemort ? Je n’en eus jamais la réponse, mais simplement l’intuition qui ne me rendit pas peu fier, une nouvelle fois de lui. Oui, qu’il soit du côté du mal ravivait en moi une sorte d’admiration malsaine pour lui, une fois de plus. Pourtant, jamais je n’ai osé lui poser cette fameuse question.
Quelques temps après, nous apprîmes que Lord Voldemort et Harry Potter avaient tous deux trouvés la mort lors de leur confrontation finale. En fus-je touché, triste ? Non, rien de tout cela. Tout ce qui comptait pour moi c’était que ma famille soit saine et sauve. Qu’importe le reste, il n’a aucune importance à mes yeux.