9 ans. C'était l'âge qu'avait Wilhelmyna quand ses parents décidèrent, du jour au lendemain, d'arracher la jeune fille ainsi que tout le reste de la famille à leurs racines et à leur village bien-aimé pour l'Angleterre. Départ précipité, dans la fébrilité de l'urgence et du secret. La jeune fille n'avait jamais posé de question, parce qu'elle ne connaissait que trop bien le silence de la réponse. Silence typique de ses parents quand il s'agissait des choses un peu trop sérieuses de la vie.
Donc après 9 ans de sa vie passés dans l'amour de son pays et de ses traditions, la jeune fille à dû se réadapter, transformer sa vie. Elle en avait toujours voulu à ses parents pour ce départ, qu'elle prenait pour une trahison. Heureusement pour elle, Fane, son frère, était là pour l'empêcher de trop pleurer le soir dans leur chambre. Son frère et elle étaient inséparables depuis la naissance de ce dernier. Présents l'un pour l'autre à chaque orage comme à chaque printemps de leur vie. Fane était le seul à s'interposer entre Wil et sa mère lorsque Doina succombait encore à une énième crise de colère et qu'elle prenait le premier objet qui lui tombait sous la main pour l'abattre sur sa fille.
Wil aimait à se dire que sa vie était belle, ou en tout cas pas trop mal, lorsqu'on ne regardait pas attentivement dans les placards un peu trop bien fermés. Les parents de la sorcière s'appliquaient à bien s'intégrer en Angleterre, sous entendu s'appliquaient à ce que personne ne rentre chez eux un matin ou un soir de la semaine. Certes, la famille nombreuse était soudée, il n'y avait pas de doute là-dessus, d'ailleurs cela se voyait très bien sur les photos! Qui aurait pu soupçonner que le croque-mitaine qui hantait les enfants et les adolescents de cette famille se faisait appeler maman?
Voilà donc le premier secret, et sûrement le mieux gardé, de la famille Jamninzky. Mais les médicaments que prenait Doina faisaient tout de même effet de temps à autre, en tout cas devant les voisins et les clients, aucun débordement, aucun scandale.
Mais la petite Wilhie n'avait pas trop le temps de penser au traitement de maman, elle était bien trop occupée à surveiller les triplés, à changer le petit Andrei ou à rattraper sa jeune soeur Anca lors d'une de ses fugues hebdomadaires. "Aînée signifie modèle et responsable", lui répétaient ses parents.
Malgré tout cela, Wil trouvait toujours le temps de se blottir dans les bras de sa bienveillante sorcière de grand-mère. Tout ce qu'elle n'avait jamais eu de sa mère, la jeune fille le retrouvait auprès d'Elisabeta.
La première et unique démonstration de magie de Wilhelmyna datait de trop loin pour qu'elle puisse s'en souvenir. Elle avait 4 ans, Fane 3 et demi. Ils venaient tous 2 de subir la furie de leur mère et cette dernière, aveuglée par la rage, les avait mordu jusqu'au sang. La nuit qui avait suivi ce triste événement, Wil avait souhaité si fort que Doina perde toutes ses dents qu'elle en avait rêvé et que, le lendemain, elle fût réveillée par le hurlement affolé de sa mère, depuis lors obligée de porter un dentier.
Pour ses 11 ans, l'adolescente n'avait rien demandé d'autre qu'un 3ème chien, pour changer. Seulement surprise! Le fameux hibou vint trouver la jeune fille ébahie, sous les yeux pleins de larmes de joie de sa grand-mère.
Ce fût d'ailleurs cette dernière qui guida Wilhelmyna du début à la fin. Du Chemin de Traverse à la préparation de sa valise, Elisabeta tenait avec patience la main de la jeune fille apeurée par tout ce changement.
C'est ainsi que Wil se fit sa place à Poudlard. Dans ce grand château dont elle n'avait jamais osé rêver. Excellente dans ses matières préférées et catastrophique dans toutes les autres, elle réussissait tout de même à ne pas redoubler, en passant invariablement d'extrême justesse.
Lors de la Grande Bataille, la jeune sorcière avait été rapatriée de force dans la demeure des Jamninzky, puisque fille d'un Moldu et d'une Cracmol, elle et sa famille étaient en ligne de mire de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et de ses Mangemorts.