Cher journal,

Je vais aujourd'hui te raconter mon enfance avant Poudlard. Je suis née à Biarritz (dans une maternité appelée Amatcho, qui veut dire "petite mère", joli nom n'est-ce pas ?) de deux parents très amoureux. Je suis la première à être sortie du ventre de maman, et je m'en vantais souvent auprès de Gorka, même si je pense qu'il s'en fichait complètement. Nous avons vécu heureux pendant 6 ans, là-bas, dans le pays basque français. Nous étions inscrits avec mon frère dans la petite école du coin, mais nous n'avions pas d'amis, car les gens n'arrivaient pas à rentrer dans notre cercle très fermé. À la maison, nous parlions Anglais et Basque et à l'école nous parlions français, ce n'était pas facile et on se mélangeait souvent dans les langues, mais ce n'était pas très grave. Et puis ça nous permettait de parler dans la rue sans que les autres ne comprennent... Très pratique pour organiser mille et une bêtises ! Je me souviens tout particulièrement d'une fois où la maitresse était malade. C'est donc une jeune fille qui la remplaçait. Elle ne nous connaissait absolument pas, et donc, avec Gorka, nous n'avons pas parlé un seul mot français, et nous faisions exprès de ne pas comprendre ce qu'elle nous disait pour ne pas la rendre folle. C'était très drôle ! Quand on allait chez nos grands-parents, dans la jolie ville d'Hendaye, nous étions chouchoutés. Gorka aimait beaucoup s'amuser avec une grosse chatte noire : il lui accrochait un grelot au bout de la queue, ou s'amusait à lui faire peur en criant derrière elle. Je le grondais beaucoup, parce que je l'aimais bien, cette grosse chatte. C'est d'ailleurs mes grands-parents qui m'ont offert Vanille, pour mes 14 ans, pour toujours me rappeler de ce chat. Ce que je préférais à Hendaye, c'était la plage, très grande, gigantesque même ! Avec Gorka, on allait souvent jouer avec notre cerf-volant quand le vent se levait.
Puis maman a été mutée à Londres pour son travail, et nous avons donc déménagé. Gorka et moi n'avions pas eu trop de mal à nous intégrer car nous étions petits et que nous connaissions déjà la langue. Nous avons donc continué l'école primaire là bas, dans un cercle d'amis toujours aussi restreint : mon frère et moi. Je crois que nous faisions un peu peur aux gens avec notre langue basque bizarre, et très dur, contrairement à l'anglais qui est plutôt une langue fluide vous voyez ? Du coup, on ne jouait que tous les deux. Je me souviens qu'on inventait des mondes peuplés de sorcières et de vampires. Comment pouvions-nous penser une seule seconde que ce n'était pas totalement farfelu ? Ah... L'innocence des enfants...
Puis nous avons reçu nos lettres pour Poudlard. Le choc. La grande révélation. Maman a été obligé de tout expliquer. Papa, sur le coup, a très mal réagi et ne sortait plus de sa chambre. Je le comprends, il avait peur que ça nous éloigne de lui et qu'on le trouve "trop simple" peut-être. Mais avec Gorka nous avons redoublé d'efforts pour lui montrer qu'il se trompait complètement. Il a donc fini par plus ou moins accepter la situation et par ressortir de sa chambre. Maman était ravie pour nous, et elle essayait aussi d'expliquer à son mari que ça ne changerait rien à l'amour qu'elle avait pour lui et qu'elle avait plus ou moins renoncé à ce monde pour lui. Alors papa lui a pardonné d'avoir eu tant de secret pour lui  et tout est reparti comme sur des roulettes. Il a même été très fier de nous, parce qu'on travaillait bien.

Cher journal,

Nous sommes donc arrivés à Poudlard complètement paumé, les yeux brillants pleins d'émerveillement ! Heureusement, dans le train, on a rencontré un gentil deuxième année de Gryffondor et il nous a tout expliqué. Nous l'avons donc suivi dans la salle commune. Viens donc l'heure de la répartition. D'abord, ce fut son tour. Puis, un professeur m'appela, je montai les marches, et m'assis sur la chaise. Le professeur m'a posé le choixpeau sur la tête. Je priais très fort pour ne pas me retrouver séparée de Gorka et évidemment, on s'est retrouvé dans la même maison. Heureusement ! Mais nous nous sommes quand même un tout petit peu éloignés. En effet, Gorka s'est rapproché du jeune Gryffondor, et moi, je me suis fait quelques bonnes copines dans mon dortoir. Cependant, on restait quand même toujours ensemble ! Cependant... Nous avons eu quelques problèmes en troisième année... Nous nous disputions  souvent, et notre complicité s'est effilochée... Je ne comprends toujours pas pourquoi. Certes nous étions toujours très proches, mais avec la tension qui nous entourait, nous étions à cran aussi et nous nous disputions pour des broutilles.
Puis il y a eu cette fameuse guerre. Oh comme je voudrais l'oublier ! Déja, pendant un an, l'école était aux mains des mangemorts. Étant une sang mêlée et mon frère aussi, nous faisions partie des cibles de ces êtres ignobles, comme beaucoup d'autres camarades d'ailleurs. Les châtiments pleuvaient. Avec Gorka, nous avions trop peur pour dénoncer cette injustice comme le faisaient d'autres élèves... Et puis, lorsque nous commencions à perdre espoir, Harry Potter est revenu. Je ne l'admirais pas ni rien comme d'autres filles mais il nous a quand même sauvés. Au prix de sa vie. C'est quand même un beau sacrifice.
Malheureusement, durant cette guerre, nous avons perdu un être très cher... maman. Elle était partie aider les sorciers à lutter contre Voldemort. Gorka et moi étions très fiers de cette maman, elle devenait notre héroïne. Papa, lui, n'a pas très bien pris son départ précipité pour donner son aide, et il a beaucoup souffert de sa perte. Cela nous a beaucoup rapproché Gorka et moi, nous nous sommes énormément soutenus dans cette épreuve, et nous avons aussi soutenu papa, pour essayer de s'en sortir tous ensemble. Papa a vendu la maison de Londres et il est retourné dans le pays basque, chez ses parents, à Hendaye. Papa leur a menti sur les causes exactes de la mort de maman, parce qu'ils étaient moldus, mais au moins, là-bas, il pouvait essayer de se changer les idées.

Cher Journal,

Au tout début de la paix, papa haïssait la magie, et tout notre monde, car cela lui avait enlevé sa femme qu'il chérissait tant. Puis, petit à petit, quand sa cicatrice a commencé à guérir, il a accepté que nous retournions  à Poudlard. Toute façon il n'avait pas le choix, mais le faire contre son gré ne nous plaisait pas. L'ambiance était lourde à la maison, et papa, plus par tristesse que par colère, devenait dur voire violent dans ses mots, et nous aussi, car la souffrance s'extériorisait dans ces crises. Donc en attendant, nous sommes allés chez le parrain de Gorka, un sorcier, qui a bien voulu nous accueillir et nous avons continué nos études à Poudlard. Nous voyions souvent papa lors des vacances, et nous lui écrivions beaucoup. Après des retrouvailles très émouvantes avec papa lors des vacances de printemps dernières où nous avons compris que la page était tournée et que la famille allait mieux, nous sommes retournés à Poudlard pour terminer notre 5ème année. Mon frère et moi avions plus ou moins laborieusement obtenu toutes nos buses sauf une. Gorka a raté la divination, moi la botanique, mais ce n'était pas très grave !
C'est le parrain de mon frère qui nous a ramenés de Londres pour les vacances d'été. Mais sur la route, il a commencé à somnoler et n'a pas vu le camion. Avec Gorka, nous avons bien évidemment crié, et Gorka a essayé de maîtriser le volant pour échapper à l'accident mais il n'a pas réussi. Le parrain de mon frère n'aurait pas dû prendre la route et demander à papa, mais pour pas le déranger, il a préféré prendre la voiture alors qu'il était fatigué. Cet accident fut fatal pour le parrain de mon frère qui mourut sur le coup. Plus tard, nous avons appris que le parrain de Gorka n'était pas tout à fait clean avant de prendre la route, en effet, il était mort de fatigue et a menti à papa en disant que tout allait bien. Gorka et moi avons été transféré à l'hôpital. Je n'avais que des blessures légères, mais Gorka est dans le coma. Papa est donc arrivé pour m'amener et pour me soutenir. Nous avons passé deux mois de vacances avec mes grands-parents, et au début, je m'étais totalement renfermée sur moi. Je ne sortais pas de ma chambre. Puis je me suis peu à peu ré-ouverte, et je passais des longues heures à me balader sur la plage. Et puis j'allais voir Gorka tous les jours à l'hôpital. Les médecins disaient qu'il m'entendait alors je lui parlais de tout et de rien, comme au bon vieux temps ! C'était très dur, et c'est finalement papa, contre toute attente, qui m'a forcé à retourner à Poudlard et à ne pas abandonner mes études alors qu'il ne me restait que deux ans.
Depuis, la photo de mon frère et moi à 14ans sur la plage d'Hendaye ne me quitte pas, et j'essaye de surmonter cette douleur comme je peux, et puis, je n'ai jamais cessé d'espérer le réveil de mon jumeau. Je me suis donc donnée à fond dans le travail. Ma sixième année a bien commencé, et je me remets peu à peu de cette peine et de cette solitude immense. Finalement, je ne suis pas si faible que ça. Je commence tout juste à croire à nouveau en la beauté de la vie, et j'espère vraiment pouvoir nouer des liens forts, pour pouvoir définitivement réussir à tourner la page, et à vivre malgré ces souffrances intérieures. Le plus beau reste à venir non ?