Très grande, blafarde et maigre, la silhouette d'Adèle détonne avec à peu près tout. Sa main est comme son corps, longue et osseuse comme le squelette d'un joueur de piano.
Adèle arbore des pommettes hautes et tranchantes, un nez long et aiguisé, un front fier et effilé. Ses yeux sont d'un vert d'eau, aussi troubles d'une marre, dessinés cette fois avec la tendresse généreuse d'un pinceau. Du khôl noir les encerclent, et prises au piège, ses longues cils battent un rythme toujours régulier. Ses traits, fixes et immobiles, ne laissent jamais percer ses sentiments, sa rage ou sa douceur, car comme une reine, elle se comporte avec égalité et presque froideur.

Son port de tête est royal, sa démarche oscille entre le militaire et l'élégance. Quant à ses gestes, ils sont mesurés, précis, comme si Adèle exécutait toute sa vie durant, la même chorégraphie réglée au millimètre. Il se dégage donc d'elle comme une brise glaciale et un certain sentiment de fausseté. Jamais, elle ne semble naturelle, et ce n'est guère une question de maquillage – bien qu'elle l'affectionne -  mais cela vient plutôt d'une manière d'être.

Malgré cette roideur dans son paraître, Adèle laisse flamboyer un indice de vie. Sa cascade impressionnante de cheveux roux vifs. Immenses, tumultueuses et grandioses, des mèches épaisses bravent la rudesse de son apparence. On pourrait s'y perdre, s'y abîmer sans en sortir jamais, dégringoler de sa tête à ses hanches d'un coup, sans s'en rendre compte.  

On dit que les hommes et les  femmes affectionnant les animaux sont des personnes bienveillantes avec les autres. Mais ce n'est pas spécialement le cas d'Adèle.

De cette femme encore jeune se dégage une froideur glaçante. Elle est d'ordinaire réservée, calme et polie avec ses collègues, cassante parfois avec ses élèves, carrément méprisante et franchement détestable avec ceux qu'elle n'aime pas.

Et Adèle en déteste du monde. Les gamins qui se plaignent pour commencer ! Certains ont perdus leurs parents, d'autres leur arrière grand-tante au second degré et tous en souffrent comme s'ils avaient perdus une jambe ! Pour Adèle, l'âge adolescent est celui de la bêtise, de la laideur et de la plainte lancinante. Lesquelles ont au bout d'un moment un certain lien de cause à effet...
Par ailleurs, Adèle n'aime pas les Sang-Purs. Il n'y a pas de fierté, dit-elle, à se reproduire entre cousins. En tirer de l'orgueil est surtout faire preuve de stupidité et d'un grand manque de confiance en soit. Inutile en effet de se targuer d'être né au lieu d'essayer faire quelque chose de sa vie consanguine.
Quant aux autres professeurs.... certains sont des personnes très correctes, éduquées, passionnées par leurs métiers. Le reste est, de son avis, des adolescents attardés, regrettant et s'accrochant comme ils le peuvent à leurs années en tant qu'élèves à Poudlard.

Bref, vous l'aurez compris, Adèle est une femme relative associable. Pourtant elle n'a pas que des défauts. Elle est douée d'un grand sens de la répartie et d'un sens inné de la discussion. Ces deux qualités proviennent d'une certaine intelligence, applicable uniquement dans les domaines qui l'intéressent. C'est à dire... pas grand chose en dehors des animaux, des plantes et des livres. Car Adèle est une grande lectrice. Fascinée par ailleurs par la technologie moldue, elle prend régulièrement des jours de congés ou profite un maximum de ses vacances pour se plonger dans les quelques salons du numérique autour de la planète. Ce qui nous entraîne vers une autre de ses capacités : sa facilité à apprendre une langue. Si aujourd'hui, Adèle maîtrise parfaitement le français et presque aussi bien l'anglais, elle est aussi capable de baragouiner en Espagnol, en Italien et en Allemand. En effet, selon Adèle, parler une langue c'est avant tout comprendre et se faire comprendre. Et non essayer d'impressionner son auditoire avec quelques figures de styles sorties de leur contexte.

La jeune femme a en effet un avis très tranché sur à peu près tout. Ce qui ne la rend pas spécialement prétentieuse mais plutôt méprisante et habile dans la dénégation d'autrui.

Mais tout cela chaque une profonde blessure. Adèle n'est pas la digne héritière qu'elle voudrait être. Malgré son intelligence, malgré ses qualités, elle ne sera jamais qu'un professeur pour étudiant du secondaire. Elle n'est pas assez travailleuse ni motivée pour faire mieux. Elle n'est pas non plus capable de se transformer comme son ancêtre – malgré une certaine aptitude pour la métamorphose. Quant à ses autres capacités magiques elles sont bien banales, comme celles d'un bon sorcier adulte. Son seul orgueil, son don de Fourchelang est lui aussi affecté par la dénégéréscence de sa famille. Elle se souvient enfant des discussions de sa grand mère avec un énorme anaconda de compagnie. Elle les regardait parler et soudain, elle perdait le fil, entendait par intermitence des sifflements. Parfois, le reptile lui-même se moquait de son maigre don :

« La fille de ta fille comprend pas. Elle est faible. Elle comprend pas les paroles.
-Laisse la donc ! Elle est encore petite. »

Hélas, son don ne progressa pas beaucoup en 25 ans. Si Adèle veut aujourd'hui suivre un conversation ou obtenir des informations d'un serpent, elle doit se concentrer ardemment. Cela la blesse dans son orgueil. Descente de la grande Mélusine, elle ne peut même pas communiquer et comprendre correctement les reptiles. Néanmoins, ce don fit naître en elle une grande empathie à l'encontre des animaux en général. Si elle ne comprend pas mot pour mot ce que veulent dire les serpents, elle comprendre le sens global de leurs paroles. De même, elle a un contact facile avec les autres créatures, magiques ou non. Enfant, Adèle passait la plupart de son temps avec ses chiens et chats plutôt qu'avec ses frères ou des amis.