Caleb Andrew Arbuthnott a écrit:

Chers élèves,

Je vous informe d’un changement de lieu de tenue de votre instruction sur les Soins aux créatures magiques. Ainsi je vous donne rendez-vous aux abords du lac de notre école. Munissez-vous de votre manuel, du matériel d’écriture standard et de votre baguette.

La saison est fraîche, je vous conseille de vous couvrir.

Professeur Arbuthnott.

10h55. Le regard d’acier fixait la montre à gousset, cadeau de son collègue danois. L’heure approchait et déjà au loin il pouvait observer la marée d’étudiants affluer vers les abords du lac. Depuis près de trente minutes, l’écossais avait minutieusement préparé l’ensemble du matériel nécessaire à l’enseignement qu’il s’apprêtait à dispenser. La précision, pis que ça, l’exactitude faisait partie des marottes de l’enseignant. Et il entendait bien que ces étudiants lui rendent la pareille.
Après leur début commun dans le professorat, le Sang-Pur avait eu maintes discussions avec son comparse danois. Ce dernier pestait régulièrement face au manque d’allant de ses étudiants. Arbuthnott subissait moins ce phénomène puisque la matière pour laquelle la Directrice l’avait embauché ne souffrait pas d’obligation. Ainsi, il disposait d’étudiants volontaires et surtout, il évitait les catégories d’âge trop jeunes. En effet, l’ancien chasseur de dragon n’avait guère d’affinités avec les enfants. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’il daignait avoir un peu d’intérêt. Et encore, ils étaient bien souvent trop futiles. Ce constat, il avait pu le conforter après ses premiers mois au sein de l’Académie de Sorcellerie.

Le presque quadragénaire jeta un dernier coup d’œil vers les tables sur lesquelles étaient disposées l’objet du cours, pour l’heure masqué par des draps blancs. Pour ce cours, Caleb aurait souhaité voir les choses en plus grands mais McGonagall avait mis son veto. Pourtant, l’Arbuthnott ne voyait pas le véritable problème de travailler sur la créature fascinante qu’était l’Occamy. Bien sûr, l’animal n’était pas des moins farouches, mais il le connaissait bien et il avait de nombreuses utilités. Et il devait avouer qu’il aurait aimé voir la tête des étudiants alors qu’ils se seraient retrouvés face au serpent marcheur. Mais la directrice avait dit non, pour cette fois car Caleb avait de nombreuses idées du même acabit et lorsqu’il aurait démontré un peu plus ses talents, il aurait plus de latitude dans le choix de ses enseignements.

Une goutte tomba dans la chevelure hirsute du lunatique écossais. Un sourire s’esquissa sur son faciès énigmatique. D’un mouvement désinvolte il ajusta sa cape d’hiver. Le mois de février était particulièrement humide cette année et les températures dépassaient rarement le zéro. Aujourd’hui, elles étaient même bien en deçà et la pluie se révélaient glaçante. D’un pas nonchalant, il se rendit vers la seule et unique chaise qui faisait face à diverses tables derrière lesquelles se tiendraient les étudiants. Ils auraient à faire et nullement besoin de s’asseoir avait-il conclu lorsqu’on lui avait demandé ses besoins pour le cours. Sa main se saisit de sa baguette et d’un geste vif, il effectua un sortilège qui fit venir à lui un parapluie qui vint se placer, ouvert, au-dessus de lui. Au moins serait-il protégé de la pluie probablement verglaçante.

10h58. Les premiers étudiants arrivaient sur zone sous le regard impassible de l’écossais, confortablement installé sur sa chaise, les jambes croisées nonchalamment. D’un mouvement du bras il les invita à prendre place derrière les tablées. Sans un mot il observa les étudiants. Il réprima un sourire en constatant que certains d’entre eux n’avaient pas pensé à se munir d’un parapluie. Dommage, il risquait d’avoir quelque peu froid.

11h00.

« Mes chers étudiants, je vous souhaite la bienvenue au cours de Soins aux créatures magiques. Je pense que vous en avez assez d’étudier les fléreurs, bien qu’ils soient particulièrement intéressant, et autres chrysopes. » Dit-il dans un accent écossais fort prononcé avant de marquer une courte pause. « Nous sommes aujourd’hui près du lac afin de nous rapprocher du lieu d’habitat de la créature que nous allons étudier aujourd’hui. Il est désormais temps de la découvrir. » D’un mouvement de baguette, il fit disparaître les draps qui masquaient les créatures. D’une trentaine de centimètres, les créatures ressemblaient à des homards mais sans sa couleur rutilante, remplacée ici par un gris tacheté de points  verts foncés. « Vous l’aurez deviné, ma première question tient bien sûr de l’identité de la créature. Un bonus sera accordé au premier étudiant qui saura me la donner, ainsi que ses caractéristiques. » L’enseignant regardait les étudiants, attendant le début de leur participation.

HRP : La suite:

C'est en passant la porte menant sur le parc que je découvrit un fait fort désagréable : il pleuvait comme vache qui pisse. Bon, je dramatisais, il ne pleuvait pas tant que cela, mais il faisait froid et c'était ce type de pluie fine qui s'insinuait absolument partout. L'un des rares désavantages en étant à Serpentard, c'était que, de la salle commune, on avait juste une vue sur les profondeurs du lac si on ne levait pas le nez. Alors je n'avais pas du tout anticipé le fait qu'il ferait ce temps. Et de toute façon, je ne possédais rien qui aurait pu m'en protéger. Au mieux, j'aurais pu emprunter un parapluie, sinon au moins prendre une cape imperméable. Un instant, j'envisageais même l'idée de me prétendre malade et aller me calfeutrer au chaud. Mais non, pas pour ce cours là, j'aimais beaucoup les soins aux créatures magiques. Même avec un dragon entre moi et ce cours, j'y aurais été, alors un peu de pluie... Au pire je serais malade et irait faire un passage par l'infirmerie. Je sortis courageusement, sentant immédiatement le froid et l'humidité se glisser dans le moindre interstice de mes vêtements.

Le cours se déroulerait près du lac. J'eus l'espoir, un instant, que nous allions étudier le mythique calamar géant de Poudlard. Mais des petites choses cachées par le drap sur la table semblaient annoncer que ce serait elles le sujet du cours et non pas Copain Tentacules. Peut être une autre fois, je l'aimais bien cette grosse bestiole qui venait parfois se rapprocher de la vitre de la salle commune. Certains le voyaient comme une menace, pour ma part, je me sentais bien plus angoissée par la présence d'un saule cogneur que par un gros calamar. "Bonjour Professeur ! Magnifique soleil non ?" Lançais-je d'un ton enjoué alors que j'étais déjà dans un état de détrempage avancé. Je n'étais pas certaine que notre professeur apprécierait mon sens de l'humour, aussi je me trouvais une place et continuais donc ma douche en plein air. Il ne pouvait pas simplement neiger ? Un premier éternuement m'échappa, causé par une mèche de cheveux collée au niveau de mon nez dont la pointe avait eu la bonne idée de boucler dans le sens de la narine. Bweark. Le cours débuta et le sujet nous fut dévoilé, au sens propre. Il s'agissait d'espèces de grosses langoustes, ou homard, je n'ai jamais su la distinction. J'aurais même pu penser que c'était simplement ça, si nous n'étions pas en cours de soins aux créatures magiques et si elles n'avaient pas été couvertes de points sombres. Je me penchais légèrement en avant, regrettant de n'avoir pas potassé mon livre de cours avec le même sérieux que je le faisais pour les potions ou les sortilèges. Observant avec attention, je me composais une mine très grave et circonspecte, avant de lâcher le plus sérieusement du monde : "Je suis quasiment certaine que ce ne sont pas des Pitiponks... "